Des mots démodés

Il en est des mots comme des modes, ils marquent leur temps avant d’être taxés de désuétude, de ringardise. Comme des personnes aussi… En vieillissant, des mots dotés de caractère sont poussés vers la sortie pour être voués à l’oubli. Bernard Pivot* fait un parallèle avec les collaborateurs âgés dans les entreprises. Le nombre de pages dans les dictionnaires n’augmentant pas, il faut, pour faire de la place aux nouvelles entrées, fringantes, modernes et tout à fait légitimes, pousser certains anciens dehors.
Peut-être est-ce une règle universelle.

Et pourtant, pour n’en citer que quelques-uns, en plus d’avoir leur sens propre, ne sont-ils pas savoureux?

Les tranche-montagnes (vantards), les pendards (gredins) les gommeux (garçons maniérés et prétentieux), les gandins (précieux jusqu’au ridicule), les brimborions (babioles), les babillards (bavards), les zigotos, les gourgandines (coquines) à différencier des catins (prostituées). N’est-il pas charmant de potiner (cancaner, qui tend à disparaître, lui aussi)? De s’amuser de calembredaines (blagues) ou de billevesées (bêtises)? Diantre! *100 mots à sauver, Bernard Pivot, éd. Albin Michel