Tics et tocs

Avez-vous constaté le caractère épidémique des tics de langage? À l’instar exact des maladies et des réputations, ce sont les pires qui se propagent le plus rapidement et s’installent le plus sûrement.

Ainsi, sans que nul ne sache pourquoi ni comment, «trop» a-t-il en quelques années remplacé «très»: «Cette tarte est trop bonne.» Mais «trop» n’est-il pas le contraire de «pas assez»? L’un et l’autre exprimant une imperfection. Dans la même veine, relevons «excessivement» employé régulièrement à la place d’«extrêmement». L’excès, c’est trop, donc ce n’est pas très bien… Non, si?

«Ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vus!» Nous avons ici deux négations. Si on les remplace par les affirmations correspondantes, on obtient: «C’est récemment qu’on s’est vus.» Mais n’est-ce pas l’inverse de ce que l’on cherche à dire?

«J’ai vu un espèce de truc»: espèce est un nom commun féminin et il n’y a aucune raison de changer son genre en fonction de son complément. Nous viendrait-il à l’esprit de parler d’«un sorte de truc» ou d’«une genre de chose»?

«Il va travailler sur Genève.» «On est sur une pâte sablée.» «On est sur un parfum fleuri», etc. La préposition «sur» – qui a un sens précis et bien à elle – est devenue un mot fourre-tout banalisé, répandu, mais pas moins agaçant pour autant.

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